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Photographie, image & communication visuelle...

De la plaque de verre au numérique : recherche, expositions, projets...

Eleven blowups de l'artiste Sophie Ristelhueber

 

 

La série présentée aux Rencontres d'Arles (2006) est à la fois différente et similaire à ses précédents travaux. Les images de Sophie Ristelhueber sont à la fois vraies car elles sont très proches de la réalité et fausses car elles ont été réalisées par des photomontages. N’ayant pas pu obtenir d’autorisation pour se rendre en Irak, son parti pris a été de réaliser des photomontages à partir de photogrammes des vidéos de l’agence Reuters de Londres. De ces reportages, elle n’a conservé que les cratères, symboles de la souffrance et des atrocités quotidiennes afin de recréer ses propres images. Le photomontage lui a permis de réaliser des images à la fois réelles et imaginaires composées aussi de ses propres photographies issues de ses travaux antérieurs (Turkménistan 1997, Syrie 1999, Irak 2000 et Cisjordanie 2003/2004). Les images finales ne semblent ni rajouter de pathos ni décrédibiliser le conflit et les blessures qu’elles génèrent. Le réalisme de ces images interroge sur la valeur de « témoignage » trop souvent associée à la photographie.

Sophie Ristelhueber n’a pu faire figurer dans l’exposition, les noms des journalistes reporters d’images qui ont tourné les vidéos originales. La masse d’informations traitée par l’agence filaire Reuters ne permet pas de retrouver les auteurs de toutes les productions envoyées à l’agence. Si le droit moral est une spécificité de la conception du droit d’auteur français, il respecte l’identité de celui qui produit l’image et rappelle qu’une personne témoigne d’un événement.

L’exposition de ses onze photographies non légendées, est de l’ordre de l’installation avec le choix du lieu et son appropriation par cette série d’images. Les photographies ont été imprimées sur du papier d’affiche puis collées sur les murs d’un ancien appartement de fonction de la Banque de France, quelques mois avant sa complète rénovation. Les images de guerre retapissent un petit appartement cossu mais vieillot. Les jeux de lumière et de reflets créent une interaction entre le lieu et les photographies par un effet de contraste. Une étonnante rencontre entre un lieu d’exposition qui n’en est pas un et des photographies de reportage qui n’en sont pas.

 

 

[Corpus]

De Sophie RISTELHUEBER :
> Eleven Blowups édité en 120 exemplaires.
> Détails du Monde, Actes Sud, Arles, 2002.

> West Bank, Thames et Hudson, London, 2005.
> Intérieurs, avec François Hers, Archives d'Architecture moderne, Bruxelles, 1981.
> Beyrouth, Photographies, Hazan, Paris, 1984.
> Paysages Photographies, Mission photographique de la Datar, Hazan, Paris, 1989.
> Fait, Hazan, Paris, 1992.
> Every one (édition limitée), Paris, 1994.
> Les Barricades mystérieuses II, Cabinet des Estampes, Genève, 1995.

> Les obsessions de Sophie Ristelhueber, par Michel Guerrin, Le monde, 28 Septembre 1992.
> Women, photography and the Iconography of war, par Val Williams, Virago Press, Londres, 1994.
> Sophie Ristelhueber, HINDRY Ann, Hazan, Paris, 1998.

> SANS Jérôme, SOPHIE RISTELHUEBER, Une oeuvre de terrain, (Conférence de Jérôme Sans) éd. bilingue français/anglais, Caen, Frac Basse-Normandie, 1996.

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