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Photographie, image & communication visuelle...

De la plaque de verre au numérique : recherche, expositions, projets...

Histoire des larmes de Jan Fabre -Rencontre avec le metteur en scène

Dans un tout autre registre, il me semble intéressant de revenir sur le spectacle Histoire des larmes de Jan Fabre.
 

Ce spectacle raconte les larmes du corps selon les propos du metteur en scène Jan Fabre. Le corps est vu comme une poche d’eau d’où surgissent des sécrétions : larmes, urine, sueur et sperme. Autant de substances qui relient chacun d’entre nous à l’eau produite dans la nature dont notamment la pluie. Le spectacle s’articule autour de trois personnages : le chevalier du désespoir qui décrit comment l’être humain censure son propre corps ; le chien qui recherche un humain capable d’accepter les sécrétions de son corps ; et la Dame au rocher, la mère, qui pleure et offre le réconfort.

Au-delà de l’originalité de ce spectacle qui avait fait l’objet de nombreuses polémiques lors de sa première représentation à Avignon, il offre plusieurs réflexions alimentées par la rencontre avec le metteur en scène lui-même. Ce spectacle propose d’imaginer que l’homme puisse pleurer avant une catastrophe et non après. L’être humain doit s’occuper du monde comme une mère de son nouveau-né et prendre conscience de ses responsabilités.

A la fin du spectacle, mon avis était mitigé. Si la mise en scène est incontestablement réussie et soignée, certains passages comme les déambulations nues et la masturbation des comédiens, font l’effet d’une ultime provocation (en imaginant que cela puisse encore être possible aujourd’hui). Jan Fabre se défend d’une telle attaque. En tant qu’artiste pluridisciplinaire, il a souvent utilisé le sang, les larmes d’irritations et d’émotions, la sueur et l’urine pour créer ses œuvres. Son travail est basé sur le corps en tant qu’objet et sujet de ses recherches. A l’inverse de Matthew Barney qui est dans l'altérité de soi par hybridations multiples, Jan Fabre ne fait pas de recherches technologiques sur le corps, il veut transformer le corps avec son propre corps et sans prothèse technologique.

Jan Fabre évoquait la vision aseptisée qui est généralement montrée de l’être humain en citant les publicités et autres moyens de communication. Il faisait remarquer l’absence de sécrétions quelque soit leur nature, de l’épiderme et bien sûr des poils. L’image de l’être humain la plus souvent véhiculée est celle d’un être sans aspérité ni défaut.

Ce regard porté sur l’image de l’être humain me renvoie à mes photographies. Même si aucun de mes clichés n’a de présence humaine, le sujet de mes photographies est aussi en contradiction avec l’image que l’on souhaite donner et recevoir de l’architecture, de l’urbanisme et de ceux qui se réapproprient les lieux, notamment par le sentiment d’insécurité, la saleté, la promiscuité et la détresse présents dans les clichés.

L’idée de Jan Fabre que l’homme puisse pleurer avant une catastrophe et non après, conclut d’une certaine manière ma déambulation dans les photographies sur lesquelles je me suis arrêtée dans ce compte rendu. Quelque soit le champ dans lequel ces photographes se placent, l’engagement de chacun laisse une question en suspens : le photojournalisme et l’art ont-ils le pouvoir de changer le cours des événements ?

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Histoire des Larmes de Jan Fabre : Spectacle vu au TNT à Toulouse, le 1er décembre 2005.


          [Site Internet]

Jan Fabre : http://www.troubleyn.be/

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