De la plaque de verre au numérique : recherche, expositions, projets...
22 Février 2006
Dans son intervention, Francesca Caruana insiste sur l’importance de la légende dans la fonction sémiotique de l’image. Selon Gérard Deledalle dans « Théorie et pratique du signe », une photographie sans légende ni étiquette n’est qu’une icône. L’information textuelle permet la qualification et la classification des photographies. Sans texte, seul le sujet informe, mais est-il suffisant ? Au début du XXème siècle, les signes d’identification qui délimitaient chaque domaine étaient stricts. Aujourd’hui, les disciplines se sont interpénétrées. La sculpture s’est transformée en installation où la photographie et la vidéo sont souvent présentes. « Le texte intervient comme un déplacement de signification du donné à voir. » La question est de savoir quels sont les éléments qui impliquent le déplacement de signification. Le parallèle se ferait entre le rôle, la fonction, le statut de l’image, avec icône, indice et symbole. Ces trois éléments de la division du signe selon la sémiotique de Peirce correspondent à des relations de ressemblance, de contiguïté et conventionnelle entre le signe et son objet. Dans le cas de la photographie qui ne peut pas à priori mentir avec son sujet puisqu’elle fait une reproduction fidèle du sujet en revanche elle peut le faire mentir. Dans ce cas, comment est-il possible de la légender ?
La légende a pour objectif de limiter les possibilités et inscrire l’image dans le domaine qui lui correspond : documentaire, publicitaire… Dans le cas d’un portrait de Marilyn [Monroe], la légende est tautologique, après avoir regardé la légende, la vue du portrait ne fait que confirmer une certitude. Le portrait de la star fait parti de notre culture visuelle. A l’inverse, le portrait sans légende ni étiquette ne dit rien. La légende diminue les possibilités interprétatives.
La légende peut parfois être révélatrice du positionnement pris par le monde de l’art car le sujet et l’intitulé ne font pas référence à la qualification de l’art. Ainsi, la fonction indiciaire est assurée par le contexte muséal. La série History de Luc Delahaye en est un très bon exemple. Seuls le format des tirages et les lieux d’exposition rappellent au spectateur qu’il ne regarde pas des photographies de presse. Les cadrages et les choix de prises de vue particulièrement soignés pourraient s’avérer être des signes qui nous éloigneraient de la photographie de presse. Pourtant les conditions de prises de vue (notamment le peu de temps dont dispose le photographe) rappellent que le rendu photographique d’History n’est pas incompatible avec le photoreportage et ancre cette série dans un positionnement équivoque où la fonction indiciaire est assurée par le contexte muséal. L’ambiguïté des images de Sophie Ristelhueber et Luc Delahaye efface les frontières entre l’art et le photojournalisme en apportant une visibilité et une lisibilité du monde.
L’art contemporain et l’art du 17ème siècle ont une problématique commune, le niveau de connaissances requis auprès du public afin d’apprécier une œuvre.
28/01/06 Colloque L'image et les traversées de l'histoire.