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Photographie, image & communication visuelle...

De la plaque de verre au numérique : recherche, expositions, projets...

Arles 2006 de Georges Rousse

En 2006, Georges Rousse a créé cinq dispositifs dans le musée Réattu à Arles afin d’en réaliser les photographies. Chaque dispositif a fait l’objet de plusieurs projets préalables. L’exposition propose aux spectateurs de prendre connaissance de l’ensemble du cheminement des réflexions menées par l’artiste, une image de l’espace construit et déconstruit par l’assemblage de photographies (Il a aussi utilisé le feu notamment pour la photographie : Grand Moulin n°6, 136X110 cm, 2005.) et une partie des salles comportant encore le dispositif in situ. L’exposition est suffisamment complète, les trois étapes réunies dans une unité de temps et de lieu, pour s’immerger dans l’univers de son travail et comprendre ainsi qu’il ne s’agit pas de simples trompe l’œil. En approchant le dispositif, le spectateur entre dans un lieu où le vrai et le faux se confrontent à l’exception d’un seul point de vue, celui qui est imposé par la photographie finale.

Tous les lieux qu’il construit et reconstruit sont une dilatation de l’espace-temps par la modification physique de l’architecture. Plus les espaces sont retravaillés et plus la photographie finale fait perdre la tridimensionnalité de l’architecture qui ne devient que matériau et réceptacle de la photographie finale : l’oeuvre.

Construction n°1 a été réalisée dans l’ancienne salle des archives de l’Ordre de Malte, lieu où sont habituellement présentées les collections historiques du musée. Georges Rousse y a élevé une lame en lévitation avec un déploiement de rouge. En opacifiant les fenêtres latérales, il aurait obtenu un rouge monochrome mais il a préféré laisser passer la lumière et jouer avec les ombres pour ainsi effacer l’architecture originelle. La création du demi-espace supérieur contribue à l’effacement de l’architecture car elle transforme la voûte. Le rectangle vertical tranche l’espace pour laisser entrevoir la réalité du lieu. Même si Georges Rousse se place au fond de l’espace pour la photographie finale, cette vue nous apparaît comme une lame surgissant au premier plan, troublant ainsi l’effet de perspective imposée par la configuration de la salle. On assiste à une confrontation entre l’architecture du bâtiment et la partie fictive rajoutée par le dispositif pour démultiplier le lieu dans le temps et dans l’espace.

 

Le dernier dispositif réalisé au Musée et qui s’intitule Réattu est très différent des quatre autres. Il s’agit d’un espace en extérieur, dans la cour d’honneur du Musée. Les matériaux utilisés sont simples : des haricots séchés (20 à 30 cm) provenant du févier d’Amérique (gleditschia triachanthos) situé dans la cour. L’angle de prise de vue engloutit la sculpture présente dans la cour car l’arête du mur située au premier plan rend invisible l’espace creux. Le lieu n’est pas reconstruit contrairement aux autres dispositifs. La forme circulaire rappelle celle des haricots. C’est la première fois que Georges Rousse utilise un matériau naturel pour un dispositif (Plusieurs photographies du lieu donnant une vue de 180° de l’espace). Réattu rappelle certaines œuvres du Land art. Dans les deux cas, l’épreuve photographique garde la trace de ces interventions éphémères. Pour Georges Rousse, seule la photographie finale est l’œuvre contrairement au Land art où elle n’est que le témoignage d’une création. Depuis plusieurs années, l’accès au dispositif de Georges Rousse laisse peut-être dubitatif le public qui découvre son travail. La démocratisation des nouvelles technologies permettant la retouche de l’image a certainement contribué à cette volonté de faire découvrir les coulisses de ses photographies.

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