"Traces d'une prison"

Photographies de la prison Saint Michel à Toulouse (2007-2008) par Frédérique Gaillard

Traces d’une prison
Prison Saint Michel, Toulouse, 2007-2008

          Ce bâtiment a été construit en 1861. C’était à l’époque un hôpital militaire. En 1872, le lieu devient une maison d’arrêt pour de nombreuses décennies. La prison Saint-Michel est un lieu chargé d’histoire, notamment durant la Seconde Guerre Mondiale puisque de nombreux résistants y furent incarcérés. Afin que les conditions d'hébergement de la population carcérale demeurent décentes, un nouvel établissement a été construit dans la commune de Seysses. Celui-ci a été ouvert en janvier 2003, année de fermeture de la maison d’arrêt. La catastrophe d'AZF ayant endommagé le centre de semi-liberté situé dans le quartier Saint-Michel, il est décidé d'utiliser le quartier des femmes de l'ancienne prison pour les détenus en semi-liberté. Fin 2009, la prison Saint-Michel ferme définitivement ses portes.
      Ces photographies témoignent d’un univers carcéral passé où ne subsistent plus que quelques traces laissées par d’anciens détenus. Cette approche minimaliste de la mise en vue est à l’image d’un lieu vide où le temps est suspendu. Dans les espaces réservés aux détenus, la sensation de perspective disparaît pour laisser place à des formes géométriques, colorées et froides. Dans ce milieu, il n’y a aucune place pour le superflu ou la futilité. Traces d’une prison est un extrait du projet Traces d’habitat débuté en 2005. Ce travail repose sur une recherche permanente de lieux témoignant d’expériences et d’histoires dont personne ne peut réellement établir la généalogie. Ce regard singulier sur des lieux «objets de mémoires», est le résultat d’un parcours photographique personnel où s’entrecroisent photographie documentaire et photographie plasticienne.

Jean-Jacques Delfour, essayiste, philosophe, professeur critique français et agrégé de philosophie 1 : « Frédérique Gaillard est ce regard qui cherche à voir ce que personne ne désire voir, ce que personne ne songe à voir, sauf désignation exceptionnelle, notamment lorsque l’art et l’histoire se donnent rendez-vous dans quelque carrefour catastrophique. Le spectateur des photographies de Frédérique Gaillard peut difficilement éviter un écho avec le stock d’images mentales déposées par les films ou les photographies des camps de concentration ou d’extermination. À ceci près que les personnes, ou les corps, sont absents. Mais cette absence est elle-même douloureuse : car elle contraint d’imaginer ce que précisément la photographie ne montre pas. En ce sens, elle assure une visibilité exceptionnelle à ce qui est multiplement frappé d’invisibilité. Ces photographies font de moi, presque à mon insu, le témoin actuel d’une souffrance qui paraissait relever du musée. La question lancinante, « comment a-t-on pu faire vivre des êtres humains dans un tel lieu ? », me requiert de devenir un asile mental pour une mémoire angoissée de la souffrance humaine, à quoi une autre partie de moi-même résiste et me supplie d’oublier ce que je vois, me conjure de retourner à la belle ignorance, à la douce inconscience. »

1 « NOVELA 2010. Voir-écrire la prison : photographier la trace de l’humain », août 2010,
http://jjdelfour.blog.lemonde.fr/2010/08/ (consulté le 10 janvier 2011)

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2012 - Exposition collective Les frontières géopolitiques et géo-artistiques, pour le laboratoire Art des images et art contemporain de Paris VIII et RETINA International, au Cinéma des cinéastes, Paris (juin-août).
2010 - Exposition collective et commissariat d’exposition à l’École des Beaux-Arts de Salvador de Bahia, pour le Colloque sur La Localisation contemporaine, laboratoire Art des images et art contemporain de Paris VIII et Université Fédérale de Bahia, Salvador, Brésil (novembre).
- Exposition personnelle durant le Festival NOVELA à Toulouse (1er au 17 octobre). Et rencontres réalisées par Jean-Jacques Delfour.

Dernière actualité sur la prison Saint Michel (mars 2017) 

http://www.ladepeche.fr/article/2017/03/09/2532390-l-ex-prison-saint-michel-enfermee-au-milieu-des-immeubles.html